De la rémunération des patrons

A la mode depuis plusieurs mois, le sujet du "salaire" des patrons est intéressant car l'air de rien, c'est un peu le reflet de notre société. Certains diront encore que ceux qui crient au scandale sont aigris, jaloux de la réussite des autres, etc. J'entendais encore l'autre jour ce genre de discours : "mais si on multipliait ton salaire par dix, accepterais-tu d'être PDG de X, société du CAC ? Accepterais-tu la responsabilité, le stress ? En aurais-tu les compétences ? En aurais-tu simplement l'envie ?".

Il faut avouer que même si l'idée de jouer au golf et de vivre dans les beaux quartiers peut être stressant, et au risque d'avoir un boulot qui ne m'intéresse pas ou dans lequel je ne suis pas à l'aise, j'accepterai sans hésiter de le faire pour un salaire dix fois plus élevé. Il y a des millions de gens qui acceptent n'importe quel boulot pour simplement vivre alors ce genre de "sacrifice" paraît franchement dérisoire.

Je n'ai pas les compétences me direz-vous ? C'est probable (quoique). Mais après tout, chacun son métier : ces patrons n'ont pas non plus les compétences pour faire le mien ! Est-ce que leurs compétences valent plus que les miennes ? C'est sûrement ce qui explique leur rémunération ! Et bien non, j'ai beau chercher, rien ne prouve que leurs compétences valent plus que les miennes. Je mets au défi quiconque de venir me le prouver.

En résumé, un tel salaire ne s'explique ni par la pénibilité du travail, ni par les compétences requises. Il reste alors l'idée qu'on paye bien ces gens car leurs responsabilités sont élevées. Quand on voit les nombreux exemples d'échecs, d'erreurs parfois grossières, on peut douter de l'efficacité de cette démarche. Tant que les responsables ne sont jamais coupables, l'engagement n 'est finalement pas si fort. Comme tout un chacun, ils sont responsables de leur travail mais sans plus. Bien sûr, je pense plus aux PDG qui migrent d'une grande société à l'autre, leur parachute dans le dos, qu'aux petits entrepreneurs qui ont monté leur affaire en partant de zéro.

Maintenant, si on y regarde bien, ce n'est pas 10 fois mon salaire que touchent ces gens mais 100 fois plus, au moins... Beaucoup plus en tout cas que les ressources nécessaires à une vie décente voire agréable. Doit-on en conclure, d'une certaine manière, que c'est du vol organisé ? Le mot est peut-être trop fort : ces gens ne se servent pas directement, on leur donne cet argent, il y a même des contrats pour ça. Mais bien que l'idée de payer plus les patrons que les employés ne soit pas saugrenue (en tout cas, c'est un autre débat), le différentiel de revenu est tel qu'il ne peut pas être acceptable. Le mérite d'un homme ne peut pas valoir 1000 fois celui d'un autre.

Pour finir, vous me direz : s'il y en a qui acceptent de les payer à ce niveau, c'est ainsi, c'est le "prix du marché". Ainsi soit-il, Seigneur Marché ! Amen ! La question essentielle vient alors : le pouvoir du marché, la "mercatocratie", est-il souhaitable ? est-il légitime ?. L'occasion d'une réflexion plus large que je laisse pour une autre fois...



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