Patrick Rondat : 20 ans de vraie musique

Ayant assisté dimanche soir à un concert de Patrick Rondat à Paris à l'occasion de ses 20 ans de carrière solo, je me suis dit que c'était le moment d'écrire quelques mots élogieux à son sujet, tout simplement parce qu'il le mérite !

Patrick Rondat, pour ceux encore trop nombreux qui ne le connaissent pas, est un guitariste de génie, trois mots qui le définissent bien mais qu'il est toujours difficile de compléter tant son positionnement est atypique. Bien sûr, son style adopte une franche orientation "hard rock" en faisant la part belle à la guitare électrique saturée mais son travail dépasse allègrement les genres.

Le guitariste gravite en effet autour du milieu du "métal" dans lequel il se sent comme un poisson dans l'eau. Mais à la base, c'est Al Di Meola son modèle, ce qui lui permet aussi d'être à l'aise à la guitare sèche et d'aller vers des genres très divers, tels que le jazz avec Michel Petrucciani et Didier Lockwood, le classique avec Vivaldi ou Beethoven, et l'électronique avec Jean Michel Jarre. C'est d'ailleurs ce dernier qui l'a soutenu dès 1993 en le faisant participer à ses concerts et en produisant son troisième album, Amphibia.

Arrivé à ce point, évoquer des genres musicaux n'a plus de sens car ce monsieur fait tout simplement de la musique. Tout juste peut-on encore signaler qu'il met en avant son instrument de prédilection, la guitare électrique, dont il est un virtuose incontestable. Attention, si Patrick Rondat est peu connu du grand public, il n'en est pas moins une pointure mondiale dans ce domaine, capable d'impressionner Steve Vaï et Joe Satriani. Ecoutez, vous comprendrez...

Au delà de ce premier aspect remarquable, ce qui, à mes oreilles, est encore plus intéressant, c'est que Rondat compose et nous offre depuis vingt ans une petite série d'albums hallucinants qui nous prouvent que virtuosité n'exclut pas forcément profondeur et finesse. Ce sont des albums de pure musique instrumentale où le rock se trouve entremêlé à d'autres influences dans des constructions d'une complexité admirable voire franchement inhabituelle !

Avec Rondat, ouverture ne signifie donc pas compromis mais à l'inverse une sorte de fusion jubilatoire qui fait de cette musique une merveille que seuls les mélomanes avertis semblent pouvoir apprécier à sa juste valeur. Et c'est là bien le frein à une reconnaissance par le grand public : sa musique se veut élitiste, d'un accès forcément difficile, un choix courageusement assumé par Patrick Rondat qui de toute façon n'a jamais rêvé de faire de la soupe pour les masses et préfère donner le meilleur de lui même à ceux qui voudront bien le suivre !

Après cet avertissement, je vous invite vivement à écouter son travail en espérant que vous serez nombreux à l'apprécier car il s'agit là d'un des musiciens français les plus talentueux de notre époque. Alors, même s'il ne fera jamais de carton en boîte de nuit, un peu plus de reconnaissance serait légitime.

J'en reviens au concert du 31 mai dernier. Patrick nous a offert une belle brochette de morceaux, l'occasion de rappeler de bons souvenirs à ceux qui ont suivi son parcours. Parmi eux, la suite Amphibia n'a pas manqué de dégager son aura particulière. Ce concert fut donc un moment mémorable malgré une qualité sonore insuffisante, sans doute liée à la salle et au mixage approximatif.

Nous attendons maintenant les vingt années suivantes, à commencer par un nouvel album. J'aimerais y entendre plus d'expérimentations sur le son et de surprises, hors des sentiers battus, mais ce n'est que mon souhait personnel : quoi qu'il arrive, je suis sûr que ce sera une merveille !



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