Mirage d'anges heureux

Les mots de l'auteur

Quelques questions posées à Frédéric Esnault à propos de Mirage d'anges heureux :

  • Comment est né ce projet ?
  • J'ai commencé à écrire ce livre sous le coup d'une pulsion soudaine : je venais de découvrir l’Écume des Jours de Boris Vian et tout à coup m'était venue l'envie irrésistible d'écrire de la même manière. C'était pour moi une révélation et j'ai commencé avant même d'avoir achevé la lecture du roman de Vian. C'était en 1998. Globalement, le processus d'écriture a duré deux ou trois ans et a été suivi d'une longue période de relecture et de peaufinage.

    Je l'ai ensuite soumis à quelques éditeurs mais sans succès. A tord ou à raison, je me suis rapidement dit que c'était peine perdue et qu'aucun n'oserait publier un texte pareil. C'est pourquoi en 2004, je l'ai diffusé via mon site Internet. A l'époque, j'avais déjà bien d'autres projets en cours, si bien que je n'ai pas cherché à faire d'efforts de promotion particuliers. Même si j'étais content de mon texte, j'avais fini par douter de sa qualité et par nature, il ne pouvait s'adresser qu'à un public restreint.

  • Qu'est-ce qui t'a motivé à proposer cette nouvelle édition ?
  • En relisant le livre après l'avoir longtemps laissé de côté, j'ai pensé qu'il méritait un second souffle. Les possibilités de publication et de promotion ont beaucoup évolué depuis 2004 et rétrospectivement, j'aurais bien aimé en disposer à l'époque. Plutôt que de le regretter, je me suis dit que le moment était venu d'en profiter.

    A cette occasion, j'ai légèrement remanié le texte, sans pour autant trahir l'esprit d'origine ni la fraîcheur du récit. La tentation était grande de remettre l'ensemble en chantier sous prétexte que ce que je voulais exprimer il y a quinze ans ne résonne plus de la même manière en moi aujourd'hui. L'entreprise aurait été hasardeuse et je crois qu'il valait mieux respecter l'équilibre de la vision que j'avais eue à l'époque. Cela m'oblige sûrement à assumer quelques maladresses de jeunesse mais ça n'est pas sans charme !

  • Pourquoi avoir choisi ce style d'écriture ?
  • Boris Vian est naturellement devenu mon auteur favori et je me suis intéressé à l'ensemble de son œuvre. Je me sens beaucoup d'affinités avec ce qu'il a été et ce qu'il a fait. Pour mon livre, j'ai voulu explorer l'idée du développement d'un langage spécifique, basé sur les jeux de mots, les inventions et les clins d’œil, entre l'humour, l'ironie et la poésie. Au delà du langage, il s'agissait de décrire un univers surréaliste dans lequel se passent des choses étranges qui, étrangement, nous font reconsidérer notre propre vision du monde.

    Bien sûr, une telle approche rend le livre plus difficile à aborder par le lecteur mais si jamais la magie opère, le message qui passe a quelque chose de profondément inédit. C'est ce qui fait la force toute particulière de l’Écume des jours et j'espère que Mirage d'anges heureux procède du même effet. Évidemment, en adoptant les réflexes de Vian, j'ai pris le risque de n'aboutir qu'à un pastiche médiocre. J'ose espérer que ce n'est pas le cas, que ce récit décrit un autre univers et qu'il délivre un autre message.

  • Mais l'histoire ressemble aussi à celle de l’Écume des jours...
  • Oui, c'est une histoire d'amour contrariée entre deux jeunes gens, et Clélia est sans doute la petite-nièce de Chloé ! Il n'empêche que mes personnages vivent d'autres choses, à une autre époque et que les idées ne sont pas les mêmes. Je crois que ce livre a sa propre identité et qu'elle est suffisamment affirmée. De toute façon, s'inspirer du travail d'un grand artiste n'a rien d'une tare, à défaut d'être une garantie de qualité. Après tout, Beethoven n'avait fait "que" reprendre les techniques de Mozart et Haydn : voilà un constat rassurant, au moins sur le procédé !
  • As-tu d'autres projets littéraires ?
  • Je n'ai jamais vraiment cessé d'écrire mais ce n'est pas une activité régulière, d'autant que je fais beaucoup d'autres choses en parallèle et que je m'adonne aussi à la peinture et à la musique... J'ai un autre projet de livre en tête et j'ai déjà commencé à y travailler mais il est trop tôt pour affirmer qu'il aboutira.


Commentaires

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